Marie Kleber, Latmospherique – Danse Infernale

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Elle regarde son univers se fissurer et s’accroche aux quelques réminiscences de ce grand amour qui parfois réapparait entre les injonctions à être ou faire, entre la minimisation de ses peines et la vulgarisation de ses états d’âmes. Elle y croit encore avec la fougue de son ventre rond et ne veut pas voir, surtout pas, l’absence qui dessine des mirages sur les murs de la maison. Il est là sans être là, de passage souvent. Il se prend pour le roi, impose sa loi, celle de son pays d’avant, de ses rêves de gamin que personne n’a jamais contrarié.

Et tout revient, comme le boomerang qu’on envoie loin, avec rage et l’envie de regarder vers demain. Tout est là et les histoires s’entrecroisent. Tout en nous évite la possible fin, le naufrage, tout en nous tente de faire le chemin à l’envers. Après tout chaque histoire suit sa propre trajectoire. Il serait bien ingénu celui qui saurait dire le prochain virage.

Alors je peux laisser son récit s’écrire et ses mots décrire un aperçu de ce qui fut mon pire, sans m’en saisir. Laisser les mots flotter entre nous et ne pas comparer nos chemins, ne pas lui dire la peur que m’inspirent ses pensées partagées, ce qu’elle a déjà accepté pour un peu de paix, un rêve qu’elle croit être le sien et qui n’a rien à voir avec elle.

Je ne peux rien lui éviter. Juste être le témoin qu’elle fut autrefois, de ma dérive, de mon effondrement. Les rôles s’inversent, les images se superposent, l’avenir sera différent. Puisque là où j’ai freiné, elle a sauté à pieds joints certaine d’avoir trouvé la deuxième partie d’elle même, là où je me suis débattue avant de me soumettre, elle a accepté les contraintes, certaine que ça n’engageait à rien.

Son présent rencontre mon passé dans une danse infernale. Mais tout le monde sait qu’on en revient, de tout, de loin. Juste avec quelques blessures qu’il nous faut déguiser pour que le monde n’en sache rien. Juste avec quelques secousses qu’il faut garder au chaud pour que le monde ne se doute de rien. On en revient avec l’espoir que le monde nous laisse vivre avec nos démons, sans nous dire ce qu’il faudrait faire pour les faire taire. Oui on en revient. C’est l’unique certitude qui me permet de regarder de loin et de laisser les choses être.

Accrocher la lumière

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