Jean-Marc Feldman- Déraison

10/02/2024 émergence et disparition
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Se détachent dans la chair du jour
des lambeaux de blancheurs
un désordre placide
comme dans une ivresse
quand l’engourdissement
imperceptiblement s’empare de nous
sans queue ni commencement
un changement d’état
qui ne dit pas son nom
et qui sans prévenir
enveloppe

Nous serions donc rendus
dans ces terres ténébreuses
bâties d’indigence et de renoncement
celle des récits
de fantômes un peu honteux
de lignes rouges franchies
d’assassins
d’oublis de faiblesses
qu’incrédule sur le rebord du lit
d’une oreille froissée
l’enfance percevait
des gémissements du passé

Poète
cesse donc ces travers
ces lectures qui vrillent ton regard
Ce sont seulement
dents douteuses et linge froissé
grandes cavalcades ourlées et assombries
étendards au vent dressés
balises dressées
sèches au vent de Sud
Ce sont eaux de terres et de ciel
emmêlées
et dans ce si peu d’artifice
ce qui fait corps
à la tendresse invite

Pourquoi alors cette terreur
pour nous
hommes qui cherchons l’accalmie
d’être absorbés entiers
de nous retrouver nus et flottant
offerts à une saison sans gouvernail

Cette certitude
d’être en la déraison

Jean-Marc Feldman

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