Barbara Auzou – Entre forêts et marées

Huile de Francine Hamelin (Série Géographies imaginaires, 1986).

je n’ignore rien des fragilités

ni de ce bruit que l’on émet

quand on cesse de rêver

oui je sais la mer et son soupir d’essaim au soir

la colossale tristesse qui s’échoue sur la plage esseulée

où meurent les unes après les autres les histoires

d’enfants

je sais aussi l’air qui suit le mouvement des pensées

l’air qui sépare l’inséparé

pour toujours y revenir contre toute raison

et que dire devant l’argument des forêts

devant leur langage de fougue

leur ressac de feuilles

devant leurs affaires avec les ombres

leurs négoces de soleils et d’horizons

si ce n’est ce que les oiseaux de l’éternel

de sève et de silence ont déjà raconté

longtemps je n’ai rien su des grands arbres transparents

qui portent longtemps la lumière sur leurs épaules

de leur joie dissimulée dans les innocentes futaies

rien des hasards bleus

des sillons verts d’humanité

de tous ces espaces instables où l’on s’entend craquer

rien su de tout ce qui se tait

comme une mosaïque

ou une genèse

mais ce plan des sables inusité

cette symbiose permanente que l’on retrouve parfois

dans la chair du beau temps

va de mon souffle à ton souffle sans hésiter

Barbara Auzou

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