Joë Bousquet – Le papillon gelé

La neige d’un autre âge
qui tombe sur mes pas
arrange un mariage
où le jour seul viendra

languir un jour encore
d’un mal qu’il ne sait pas

Ce qui nous mène ignore
qu’une fois en dix ans
l’absence est près d’éclore
le coquelicot blanc

où la voix croit se taire
tout le ciel se repent

qu’au jardin de ma mère
chaque étoile à son tour
ferme avec mes paupières
les yeux menteurs du jour

quand la cloche t’appelle
pour enterrer tes jours

Où les couleurs sont-elles
dès que la nuit y voit
Le rouge étend ses ailes
sur le blanc mort de froid

et nul ne dit le nombre
des hivers écoulés

Sur des lèvres où sombre
un papillon gelé
c’est entre une ombre et l’ombre
tout un âge en allé

Le jour qu’un pas efface
sous un ciel fait d’un nom
n’est plus l’homme qui passe
craint l’ombre et s’y confond
mais l’aube sans visage
que son regard sera
dans la blancheur des pages
où la neige est l’image
d’amours qu’on ne voit pas

Sois moins triste on t’écoute
plaider tes maux d’enfant
à l’absente qui doute
du coquelicot blanc

Ton nom ce n’est personne
mais son propre secret
tout le noir qui pardonne
les bois dans un bouquet

Cueille une fleur de glace
de loin le froid se voit
ce qui brille où tu passes

Si ce n’était pas toi

4 réflexions sur “Joë Bousquet – Le papillon gelé

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