Gabrielle Segal – Femme se portant

Angèle Etoundi Essamba, «Femme portant l’univers», 1993, photographie, © Angèle Etoundi Essamba

’écriture est restée dans son lieu d’écriture
ce n’est pas s’en priver
ce n’est pas fuir

on ne dit jamais la force que l’on perd
jamais qu’on la regrette
jamais qu’on l’a vue là sur le même lit que le lit
toujours forte mais à côté
on ne dit pas que c’est nous qui rompons avec elle
on dit La force me quitte
on dit qu’elles sont plusieurs
et que toutes nous quittent
une seule demeure
celle-là est force qui se force
on le sait
nous qui marchons moins vite
qui pleurons plus souvent
celle-là prend tout sur elle
elle prend tout ce qui reste
le mène non pas devant
mais au loin sûrement
et loin c’est effrayant
c’est ici sans la chaleur
c’est ici sans la joie
sans la main qui se pose
sur la peau de l’autre
ignorant qu’elle se pose
sur une dernière fois

après
après tout bouge encore
ce qui est mort
ne reste jamais dehors

Gabrielle Segal

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